Un grand groupe du secteur de la construction me contacte pour un avis d’expert sur la conception de salles d’audience pour un nouveau tribunal. Ce qui m’est demandé c’est une certification que tout a été fait aux normes.

Pour savoir si le projet fonctionne, se référer aux normes n’est ici, selon moi, pas suffisant. Une norme n’est pas une obligation légale, ce n’est qu’une référence qui s’adapte plus ou moins bien en fonction des situations. Aussi, pour savoir si des audiences peuvent se dérouler convenablement dans ces salles, il est nécessaire de savoir comment se déroule un procès et de recenser les besoins des professionnels qui travaillent dans ces espaces. Je visite donc d’autres tribunaux, j’interroge des magistrats, des avocats ou encore des greffiers.

Si ces salles respectaient en tous points les normes, elles étaient si mal conçues qu’aucun procès n’auraient jamais pu s’y dérouler : des bancs qui empêchent procureurs et avocats d’utiliser leur ordinateur, un greffier excentré incapable de transmettre des pièces aux parties, une chaise si mal choisie que le Président, empêtré dans sa robe, tombe en pleine audience…

Mon travail dans un projet est de mesurer l’adéquation de ce qui est proposé avec les besoin, de m’assurer que ces informations remontent au bon moment, qu’elles ne se perdent pas au fil du temps, de mesurer les impacts économiques et réputationnel des arbitrages. Et quelques fois, faire en sorte que les juges puissent rester sur leurs chaises.